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Posted on 13 septembre 2013 in Tendance

Le classement  des super 100 Suisses

Le classement
des super 100 Suisses

GaultMillau est devenu le nouveau sponsor de Swiss Wine Promotion. L’occasion pour Ringier de placer un mini-guide des 100 meilleurs vignerons de Suisse, version 2013. Un jury de 6 personnes (Gilles Besse, président de SWP, Geny Hess, qui a régulièrement publié une telle liste, Elsbeth Hobmeier, ex-rédactrice en cheffe de Hotel Revue, Nathalie Ravet, sommelière à Vufflens, Ueli Kellenberger, restaurateur à Bad Ragaz et Urs Mäder, découvreur de vins tessinois, à Ascona) en a décidé ainsi.

Par Pierre Thomas

J’ai plongé dans mes archives. Pour le guide GaultMillau Suisse romande, j’avais dressé, en 1995 une liste des «50 meilleurs vignerons romands». Puis, en 1996, avec Andreas Keller, Martin Kilchmann et Jean Solis, nous avions dégusté à Zurich, puis publié un classement des «200 meilleurs vins suisses». Et j’ai publié, fin 1998, le premier «Guide des vignerons de Suisse romande», avec 170 portraits — Yves Jault avait complété la sélection vaudoise, pour les éditions 24 Heures.

Alors, quoi de neuf au sommet de la hiérarchie suisse en un plus de quinze ans ?

En Valais, certains des 30 producteurs sont présents dans les 4 publications:

Gérald et Patricia Besse, de Martigny, la Cave Chanton, à Vi¨ge, la famille Boven, à St-Pierre-de-Clages, Marie-Thérèse Chappaz, à Fully(vigneronne de l’année 1996!), Benoît Dorsaz, à Fully, Jean-Daniel Favre et Jean-Claude Favre,tous deux à Chamoson, Jean-René Germanier, à Vétroz, Daniel Magliocco et Simon Maye et Fils, , à St-Pierre-de-Clages, Denis Mercier et Maurice Zufferey, à Sierre. 15 ans après, ces vignerons valaisans restent au sommet !

Avec 3 mentions, Philippe Constantin, à Salquenen, Madeleine Gay (pour Provins), Philippoz Frères, à Riddes et Leytron, Marie-Bernard Gillioz-Praz, à Savièse, Didier Joris, à Chamoson, Reynard et Varone (Domaine Cornulus), à Savièse, et Nicolas Zufferey, à Sierre, confirment eux aussi. Tout comme, avec 2 mentions, Claudy Clavien, à Miège, André Fontannaz, à Vétroz, Madeleine Mabillard-Fuchs, à Venthône, Romain Papilloud et Serge Roh, à Vétroz.

Et j’étais passé à côté de Thierry Constantin, à Pont-de-la-Morge, pas encore connu il y a 15 ans, Philippe Darioli, à Riddes, pas encore établi à son compte, Simon Favre (décédé, à qui Jérôme a succédé à Venthône), Jean-Louis Mathieu, à Chalais, dont le domaine s’est agrandi et les vins ont obtenu de nombreuses médailles depuis, la Sankt Jodern Kellerei, coopérative de Visperterminen, ascendante, et Robert Taramarcaz, à Sierre, qui était encore aux études… à Dijon. Curieuses absences, dans la sélection 2013, de maisons de Salquenen, tels Diego Mathier et Olivier Mounir au moins (largement cités par le passé et toujours en pointe aujourd’hui).

Même exercice dans le canton de Vaud (20 producteurs cités en 2013). Avec 4 citations, le Domaine Cruchon (Raoul, découverte de l’année 1995 !), à Echichens, Blaise Duboux, à Epesses, les Grognuz, Marco et son fils François (qui a remplacé son oncle Frédéric), à Villeneuve (et Les Evouettes/VS), Jean-François Neyroud-Fonjallaz (découverte de l’année 1996), à Chardonne, et Jacques Pélichet, à Féchy.

Avec 3 mentions, Uvavins (Philippe Corthay à qui Rodrigo Banto a succédé), à Tolochenaz, Louis-Philippe Bovard, à Cully, le Domaine de la Treille (famille Dutruy) à Founex, Philippe Gex (et son œnologue Bernard Cavé), à Yvorne et Aigle, Luc Massy, à Epesses, Raymond Paccot, à Féchy, et Vogel, à Grandvaux (aujourd’hui Simon, fils de Jean).

Avec 2 mentions, Henri Chollet, (et son fils Vincent), à Villette, François de Coulon (Château d’Eclépens), Christian Dugon, à Bofflens, les Graff (Noémie après Noé !), à Begnins, Pierre-Luc Leyvraz, à Chexbres,  et Charles Rolaz (domaines Hammel), à Rolle.

J’étais passé à côté de Pierre Monachon, à Rivaz, parmi les vignerons-syndics de Lavaux, et il a pris du galon ensuite, comme président de Terravin, et Anne Müller, bien sûr, la benjamine, vigneronne bio établie à Yvorne depuis deux ans…

Genève ensuite, avec deux vedettes à 4 citations, Jean-Michel Novelle (nommé vigneron de l’année en 1995 !) et Roger Burgdorfer (Domaine du Paradis), tous les deux à Satigny, toujours plus vaste commune viticole de Suisse, ensuite, les Hutin (désormais Jean et sa fille Emilienne, qui a remplacé son oncle Pierre, à Dardagny), avec 3 mentions, puis, avec 2 mentions, un trio formé de Jean-Pierre Pellegrin, à Peissy, et Nicolas Bonnet, à Satigny, et Philippe Villard, à Anières. Manque à l’appel le «jeune» Stéphane Gros, à Dardagny, pas encore établi à l’époque.

Dans la région des Trois-Lacs (8 vignerons pour Neuchâtel, Bienne et le Vully), le Neuchâtelois Jean-Denis Perrochet, à Auvernier, est le seul à cumuler les 4 mentions, Charles Steiner, à Schernelz, et le Cru de l’Hôpital à Môtier (aujourd’hui Christian Vessaz), 3 mentions, le Domaine de Grillette, à Cressier, 2. Au Domaine de Montmollin, à Auvernier, cité par GaultMillau 2013, on préférait le Château d’Auvernier (non cité), tandis que Martin Hubacher, à Douanne, n’était pas mentionné, pas plus que le «business angel» reconverti en «winemaker», Jacques Tatasciore, à Cressier, vocation tardive, et Louis-Philippe Burgat, à Colombier, qui était encore en coopérative, avant de s’établir au Domaine de Chambleau.

Au Tessin (15 cités), 2 mentions pour Gialdi/Brivio, Daniel Huber, Vinattieri (Castello Luigi), Cantina Monti et Christian Zündel. Nicola Corti — avec qui j’ai fait le cours de marchand de vins à Changins en 1990! —, n’était pas encore aux commandes de Fratelli Corti. Mauro Ortelli, Eric Klausener, Eric Trapletti, Mike Rudolf et Barbara Kopp & Paolo Visini, pas encore des fers de lance des vignerons indépendants tessinois. Giorgio Rossi n’avait pas encore fait revivre la bondola et Sacha Pelossi était encore l’œnologue de Agriloro du Fribourgeois Meinrad Perler (pas cité dans le palmarès 2013 !). Et on avoue humblement ne pas connaître les vins des frères Marcionetti et des frères Meroni… préférés aux «vecchii» Perler et Tamborini!

Finalement, les plus grands changements sont encore le fait de la Suisse alémanique (20 vignerons cités), notamment des Grisons, qui ont beaucoup progressé en vingt ans : Donatsch, Fromm, Gantenbein étaient déjà là (2 mentions), rejoints par Irène Grünenfelder, Christian Hermann, Daniel Marugg, Christian Obrecht et Thomas Studach.Vus de Zurich, les Grisons, plus encore que le Tessin, est la région en vue de Suisse pour les vins rouges !

Dans le reste de la Suisse alémanique, le Schaffhousois Ruedi Baumann, le Bâlois Urs Jauslin, l’Argovien Andreas Meier et les Schaffousois M. & A. Meyer (Bad Osterfingen), le Zurichois Urs Pircher et les familles zurichoises Schwarzenbach et Zahner, références historiques, étaient tous déjà cités. Mais pas encore le Schaffhousois Markus Ruch, le Zurichois Erich Meier, l’Argovien Tom Litwan et le Thurgovien Michael Broger, qui était encore au service de Hans Ulrich Kesselring, décédé depuis, au Château Bachtobel.

De trois choses l’une:

1) nous étions des visionnaires il y a 15 ans,

2) le jury actuel est ringard,

3) à l’exception de quelques jeunes qui sont montés, la hiérarchie des meilleurs vignerons suisses, limités à 100, s’est fort peu modifiée en plus de quinze ans !

CQFD ! Sur les 65 «meilleurs vignerons de Suisse romande», seuls 13 n’étaient pas cités il y a 15 ans, tandis qu’au Tessin et en Suisse alémanique, dont les Grisons, légèrement sur-représentés en 2013, 20 sur 35 des meilleurs vignerons n’étaient pas cités spontanément dans l’élite, il y a 15 ans.

©thomasvino.ch