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Posted on 11 janvier 2005 in Conso

Banc d’essai des chasselas 2003

Banc d’essai des chasselas 2003

Chasselas: un tiercé vaudois
Verdict de notre «banc d'essai» sur le vin blanc toujours le plus bu des Helvètes: trois crus vaudois en tête! Rien d'étonnant, puisque le Pays de Vaud est devenu le «réduit national» de ce cépage, romand par excellence. La preuve par les chiffres.Par Pierre Thomas
Une précision d'entrée de jeu: nous n'avons dégusté que des 2003 glanés sur les rayons des supermarchés à fin avril. La sélection a été naturelle et quasi exhaustive: à une ou deux exceptions près, les 2003 n'étaient pas encore sur les rayons, garnis à profusion de 2002 et de 2001. Et cela s'explique pour trois raisons. Primo, traditionnellement, le blanc suisse véhicule l'image d'un vin à boire dans l'année. Secundo (qui découle du premier…), il y a donc urgence à liquider les stocks. Et tertio, 2003, année réputée d'excellente qualité, a produit peu: 31% de moins que la consommation moyenne de vin blanc, selon les chiffres officiels.
Vaud, pays du chasselas

Ce chiffre est à replacer dans le contexte général suisse: entre 1992 et 2002, la consommation annuelle des vins blancs indigènes est tombée de 80 millions de litres à 57 millions. Conséquence: les surfaces plantées en raisins blancs régressent (- 248 ha en 2003) et celles en chasselas davantage (- 332 ha en 2003), compensées par des «spécialités», comme la petite arvine en Valais. C'est, du reste, dans ce canton — un tiers des 15'000 ha du vignoble suisse — que le chasselas, appelé fendant, perd le plus de terrain, laissant désormais au Pays de Vaud le rôle de leader. On recense presque deux fois plus de chasselas dans vignoble vaudois (2567 ha, soit 66% de la surface) qu'en Valais (1442 ha, soit 28%). Suit Genève (361 ha), Neuchâtel (245 ha), Berne (101 ha) et Fribourg (71 ha). Au total, avec 4800 ha, le chasselas occupe un peu moins du tiers de la surface du vignoble suisse.
Selon notre dégustation, les appellations vaudoises tiennent leur rang. Et ce sont les deux vins les plus chers qui l'emportent. Le prix n'est pas le seul critère de choix: pour preuve, les fendants ont de la peine à être valorisés dans les grandes surfaces (lire ci-contre), mais, comme le quatrième de la dégustation (voir tableau), peuvent être de bonnes affaires.Un futur sous condition
Quel avenir pour le chasselas? La question brûle les lèvres. D'abord, sa fonction de «vin d'apéritif» est indéniable. Mais l'habitude se perd… Ensuite, comme le remarque Jean-Pierre Rémy, grand connaisseur, «les chasselas devraient se boire après dix-huit mois de bouteille». Il y a donc matière à redécouverte de vins matures. Voire même de chasselas qui ont vieilli une dizaine d'années et qui développent des arômes plus complexes que le vin jeune.
«Le chasselas reste un vin-étalon, ancré dans les esprits suisses», souligne Frédéric Compain. «Quand il est bien fait, il incarne l'identité suisse», renchérit Jean-Christophe Ollivier. Que les sommeliers le tiennent dans une telle estime est primordial pour la défense et l'illustration du chasselas.
Eclairage
Vin blanc, la Suisse résiste

Après la libéralisation des importations (2001), les producteurs et négociants ont mis en place des instruments pour connaître le marché suisse. «L'Observateur du vin» vient de paraître: tous les trois mois, il pourra être consulté sur le site www.swisswine.ch. Il tiendra à jour un Swiss Wine Index, basé sur les enquêtes de l'institut d'études de la consommation IHA-GfK, à partir de la grande distribution, où s'écoule 50% des vins.
Les premiers chiffres publiés montrent que si l'Yvorne (VD) se vend à 13 fr. la bouteille, le fendant se situe, à 5,50 fr., dans des prix inférieurs à la moyenne des vins blancs suisses vendus en supermarché (6,50 fr.). Actuellement, les vins suisses occupent encore 70% du marché des blancs (loin devant la France, 5,5%, et l'Italie, 4,7%). Mais attention: la consommation de blanc baisse depuis plusieurs années. Dans les rouges, les parts de marché des vins suisses se situent autour de 15%. Seulement. Soit moins que l'Espagne (18%), troisième derrière la France (28%) et l'Italie (23%).
Article paru à l'appui d'un test sur les chasselas 2003 achetés en supermarché, dans le magazine de consommateurs Tout Compte Fait, Lausanne, en juin 2004.